La mort d'un contre-pouvoir

Publié le par Yannélic

En apprenant le décès de Phillipe Séguin, j'ai pensé à la nouvelle d'Alphonse Daudet. Pas seulement pour le jeu de mot, mais aussi pour la morale du début :
"Eh bien, écoute un peu l'histoire de la chèvre de M. Séguin. Tu verras ce que l'on gagne à vouloir vivre libre."

De l'avis de l'ensemble de la classe politique, Philippe Séguin était un esprit libre, et un républicain convaincu.
En 1981, il a été l'un des rares à droite à défendre la loi Badinter pour l'abolition de la peine de mort.
Comme cela se sent dans Le Figaro, Philippe Séguin ne faisait pas l'unanimité au sein de sa famille politique : en 1992, il s'était prononcé contre la ratification du Traité de Maastricht instituant l'Union Européenne et l'approfondissement du marché commun.
En 2001, il s'est mis définitivement à dos la majorité des élus RPR en refusant de s'allier à Jean Tiberi (poursuivi alors dans l'affaire des HLM de Paris et celle des faux électeurs du Ve arrondissement), ce qui a permis à Bertrand Delanoë de conquérir la capitale.

Enfin et surtout, avec le décès de Philippe Séguin, la vie politique française a perdu un contre-pouvoir médiatique.
Président depuis juillet 2004 de la Cour des Comptes, sa personnalité a donné du poids aux rapports sur les comptes de l'Élysée et la politique budgétaire du gouvernement Fillon. C'est en quelque sorte à lui que l'on doit les révélations sur le train de vie présidentiel, ou encore les critiques sur la RGPP (révision générale des politiques publiques), qui peine à réduire les dépenses publiques tout en améliorant l'efficacité des politiques publiques.

Publié dans France

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